Je regardais ce nouvel épisode de C dans l'air sur le scandale des EHPAD, vous pouvez a minima regarder le mini-reportages de 3 minutes à 11min37sec... écoeurant...
Un problème qui semble concerner en fait tout autant le privé que le public (20% des Ehpad sont privés, mais cela représente 40% des nouvelles places chaque année). Disons que niveau qualité le privé ne semble pas faire pire que le public, mais vu que c'est bien plus cher, ça laisse...pantois, pour ne pas être grossier. Dans tous les cas, c'est la cata, faute de contrôle essentiellement ?
Quelques idées de solution à débattre :
- mesure la plus radicale et efficace a priori : au lieu d'un contrôle tous les 10 ans en moyenne par établissement, contrôle annoncé à l'avance, passer à un contrôle par an et "vraiment" surprise, cela coûtera plus cher bien sûr, mais sans doute le prix à payer pour garantir des conditions de vie digne. Déterminer des critères de contrôle précis (j'imagine qu'ils existent) pour mieux ensuite pouvoir publier la note reçue chaque année par chaque établissement, et ainsi le classement qui en découle.
- imposer l'enregistrement audio-vidéo H24 dans les espaces de vie commune (réfectoires, etc.), permettre aux inspecteurs et au famille d'y accéder à tout moment en ligne
- proposer aux résidents et/ou leur famille de mettre en place l'enregistrement audio-vidéo dans les chambres aux horaires/conditions de leur choix, leur donner le choix de permettre aux inspecteurs d'accéder aux images H24
- ajouter en plus des visites sur place surprise et irremplaçables des contrôles surprise à distance via la images enregistrées
à savoir que les progrès en intelligence artificielle rendent possible, avec entraînement sur assez d'exemples et contre-exemples, de détecter sur des images vidéos des comportements suspects, mouvements trop rapides/violents, chute, quelqu'un qui élève trop la voix/crie, etc, une personne trop inactive, trop silencieuse, qui ne boit pas assez, etc. On va bientôt pouvoir faire sens en temps réel, automatiquement, et donc à moindre coût, de toutes les images reçues, ce qui aurait coûté bien trop cher avec des moyens conventionnels. Si l'Etat montre la voie, lance des appels d'offres, subventionne, le privé peut s'emparer de cette opportunité pour innover et développer les logiciels d'analyse requis, qui pourront ensuite s'exporter dans le monde entier. Un coût au départ mais qui se transforme en investissement, pour protéger nos seniors mais aussi faire rayonner la French tech
- organiser des tests cognitifs des résidents chaque trimestre au moins, évaluer la "trajectoire cognitive moyenne" des résidents d'un établissement, et publier ces notes et classement de tous les établissements chaque trimestre. La trajectoire d'un résident en soi ne traduit pas nécessairement la qualité de son établissement, mais la moyenne, comparée à celle des autres établissements, elle, ne devrait pas laisser trop de place au doute. Si on constate que la cognition des résidents d'un EHPAD se dégrade bien plus vite que la moyenne nationale, on pourra en déduire aisément qu'il y a un problème lié à cet établissement. Inversement, identifier les établissements qui préservent le mieux la cognition permettra de mieux comprendre les bonnes pratiques et de les rendre publiques pour mieux les diffuser.
Ces tests pourront être faits via une tablette numérique, en la présence d'un membre de la famille (pour éviter que les personnels des EHPAD aident les résidents pour bidonner les tests). On pourra également procéder à des appels d'offres pour déléguer la conception et production de ces tests, cela aidera à développer des startups sur ce créneau, savoir-faire qui pourra certainement bien s'exporter dans un monde vieillissant. On peut même déjà concevoir des tests en ligne où le participant et la pièce dans laquelle il se trouve sont filmés pour détecter si quelqu'un se trouve à proximité, chuchote, ou si le participant ne cesse de regarder ailleurs comme si on lui parlait, ça se fait déjà pour certains examens en ligne. Mais sinon, on peut aussi avoir un agent à distance en visio qui pose les questions et saura sentir l'ambiance dans laquelle se déroule les tests. De cette façon, on devrait pouvoir évaluer assez fidèlement, à un prix modéré, les capacités cognitives des résidents et leur évolution dans le temps.
- Pour le public notamment, on peut imaginer de jolies primes aux soignants et personnels des établissements qui préservent le mieux la cognition moyenne de leurs résidents telle que mesurée par les tests indépendants proposés plus haut. Payer plus pour les résultats qu'on veut et qu'on sait mesurer, cela attirera des profils plus compétents et passionnés dans ces métiers qui demandent beaucoup d'empathie.
D'ailleurs, toutes ces mesures valent peu ou prou à mon sens pour l'école qui devrait être mieux contrôlée, plus souvent, par surprise. Les classes devraient être filmées H24 et accessibles des parents et inspecteurs, et ce pour protéger les élèves comme les professeurs. On devrait faire des tests chaque années pour identifier la trajectoire d'une classe (pas le niveau en tant que tel à un instant t d'un seul élève, mais le progrès de la classe entre le début de l'année scolaire et sa fin), récompenser les meilleurs profs avec des bonus très généreux, que le chef d'état récompense en personne avec des distinctions dédiées les meilleurs profs chaque année, revaloriser ce métier parmi les plus nobles, identifier les bonnes pratiques, les diffuser en vidéo (aujourd'hui ce qu'il se passe dans une classe, pour le meilleur et pour le pire, reste très largement une boîte noire), avertir les profs sous-performants, les guider vers les meilleures pratiques, et peut-être être prêt à sortir de l'éducation nationale au bout d'un certain temps les plus mauvais profs tels que mesurés par une trajectoire de leurs élèves systématiquement à la baisse année après année.... On ne peut pas en vouloir à un prof d'hériter d'un élève au niveau catastrophique en début d'année, mais sans doute qu'on peut en vouloir à un prof dont la classe va régresser/stagner trop/progresser trop lentement durant l'année passée ensemble, comparativement à la moyenne nationale des profs ayant hérité d'une classe du même niveau moyen en début d'année... évidemment, tout cela demanderait à être nuancé, contextualisé, adapté...